Pour bien comprendre la logique guidant la création de cette structure, il est nécessaire de remonter à la seconde moitié des années 2000 : période au cours de laquelle a été signé, entre l’État haïtien et la Communauté Internationale, le Cadre de Coopération Intérimaire(CCI) (2004/06). C’est un document stratégique important permettant de mieux comprendre l’évolution des dix dernières années d’Haïti dans le sens où il définit trois grands axes d’intervention pour faire face à la situation de crise grave qui prévalait à la période précédente. On y retrouve en effet des orientations précises pour promouvoir : i) une meilleure gouvernance politique; ii) le renforcement de la gouvernance économique et le développement institutionnel; iii) la relance de l’économie nationale.

C’est sur cette base que le Gouvernement Provisoire, en place à l’époque, de même que le gouvernement constitutionnel qui l’a suivi, tous deux appuyés par les bailleurs internationaux, ont pris un ensemble d’initiatives sous forme de programmes ou de projets sur les trois plans mentionnés. Par exemple, l’opérationnalisation de l’axe de gouvernance économique s’est faite de diverses façons et en particulier par le renforcement du système de contrôle des finances publiques avec ces mises en place :

  • L’Inspection Générale des Finances
  • La Commission Nationale de Passation des Marchés
  • L’Unité de Lutte contre la Corruption
  • Les structures départementales de la Cour Supérieure des Comptes
  • Le Corps des Contrôleurs Financiers
  • Le Corps des Comptables Publics

En ce qui a trait au domaine économique, on a noté ces évolutions : le maintien de la stabilité macroéconomique, l’amorce de la modernisation des infrastructures routières, le passage à la téléphonie mobile, l’augmentation de la capacité énergétique et enfin l’amorce d’une relance du secteur agricole. Globalement, l’économie nationale a même retrouvé le trend de croissance de la période 1996/2000 et, malgré l’impact négatif des quatre ouragans successifs qui ont frappé Haïti en 2008, le pays a affiché pour l’année fiscale 2008/09 un taux de croissance de 2,9 pour cent, le plus élevé à ce moment de la Caraïbe.

Comme on le sait, ce processus de relèvement économique a brutalement été interrompu par le grand séisme de Janvier 2010, second fait majeur du contexte historique contemporain, avec des pertes énormes en termes de vies humaines, de ressources humaines, de compétences, de ressources économiques, d’infrastructures au niveau des deux secteurs public et privé. Cependant, pour faire face à cette situation catastrophique et définir de nouvelles perspectives, l’État haïtien a élaboré un nouveau document stratégique de grande ampleur soit le « Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH)» qui vise à en faire un pays émergent d’ici 2030. Pour ce faire, le document prévoit de conduire des processus de refondation sur les plans économique, territorial, social et institutionnel.

Dans ce nouveau contexte, l’État haïtien, supporté par la Communauté Internationale, a lancé plusieurs lignes d’action ayant plus ou moins de rapport avec ce nouveau plan stratégique. Dans le sens de poursuivre les efforts entrepris avant le séisme de Janvier 2010, la politique de bonne gouvernance économique initiée antérieurement a été également considérée comme une des priorités du moment. D’où, plusieurs initiatives matérialisant cet axe de politique publique.